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21/02/18 | 21 h 11 min par Tenzin Seldon / traduction France Tibet

Dhdondup Wangchen témoigne devant le Congrès des Etats-Unis de sa vie au Tibet sous le joug chinois

Dhondup Wangchen et sa famille

WASHINGTON DC: Le 14 février 2018, l’ancien prisonnier politique et célèbre réalisateur Dhondup Wangchen a témoigné sur le Tibet devant la Comission exécutive du Congrès sur la Chine.

L’audition était menée par le sénateur Marco Rubio et étaient présents le sénateur Steve Daines et les membres du Congrès Chris Smith et Ted Lieu.

Dhondup Wangchen a informé le Comité des détails de son arrestation et de son omniprésente surveillance même une fois libéré de prison. « Je suis resté en détention officieuse jusqu’à mon procès et été condamné le 28 décembre 2009 à 6 ans de prison pour « subversion au pouvoir de l’Etat ». Le dossier à mon encontre relevait des projets dans lesquels j’étais engagé, l’impression et la diffusion de livres ainsi que la réalisation de Leaving Fear Behind. »

« Suite à ma libération, j’étais toujours étroitement surveillé et la police m’appelait constamment sur mon téléphone. Je ne me sentais pas du tout libre car je n’étais pas autorisé à contacter ou rencontrer mes amis. Les amis qui m’avaient contacté ou rendu visite étaient harcelés par les autorités. Je voulais étudier et améliorer mon tibétain et je voulais travailler mais je ne pouvais rien faire ces trois dernières années. Frustré et de plus en plus isolé, j’ai décidé qu’il valait mieux m’enfuir de la République Populaire de Chine plutôt que de rester dans ses conditions, sans liberté, » a déclaré Wangchen.

Il a aussi insisté sur deux points de la réalité répressive de la Chine au Tibet et ses menaces de répercussion au reste du monde :

« Je sens que votre soutien pour des cas comme moi et le Tibet en général serait d’un grand effet si nous rappelons régulièrement la réalité du terrain :

  1. Il y a des milliers de Tibétains comme moi, activement engagés dans la résistance. Les Tibétains du Tibet ne sont pas des victimes mais des agents du changement tentant d’explorer et d’user de toutes les opportunités pour se battre pour un meilleur futur. Nous avons besoin du soutien et de la collaboration du monde extérieur.

  2. Toute tentative pour plus de liberté ou pour la démocratie est réprimée par la Chine. C’est contre la nature de ce régime de tolérer la liberté et la démocratie, en Chine, au Tibet, et finalement dans le reste du monde.

Wangchen pressa également le Congrès à promulguer la Loi de 2017 sur l’accès réciproque du Tibet. Il souligna que la répression systématique de la liberté de la presse et des reportages au Tibet ne peut être combattue que par « une contre-approche systématique ».

Il a également soutenu ces recommandations :

  • Voter les résolutions exprimant le sentiment du Congrès tel que le traitement du peuple tibétain devrait être un facteur important dans la conduite des relations avec la République populaire de Chine par les Etats-Unis,

  • Demander à l’administration états-unienne de soulever la question du Tibet dans les forums internationaux appropriés,

  • Intimer à la Chine de libérer les prisionniers politiques tibétains, dont le XIème Panchen Lama, Gedhun Choekyi Nyima.

Dr Tenzin Dorjee de la Commission Internationale sur les Libertés Regilieuses dans le Monde et Dr Mike Green de CSIS (Centre Stratégique et d’Etudes Internationales) ont également témoigné.

Ci-dessous la retranscription complète du témoignage de Dhondup Wangchen :

Etats-Unis Congress
Washington, D.C.

Honorable Senator Rubio et Representative Smith,

Je suis très reconnaissant de cette opportunité de témoigner de mon expérience de vie au Tibet sous l’autorité de la Chine devant la comission exécutive du Congrès sur la Chine.

Je m’appelle Dhondup Wangchen. Je suis né le 17 octobre 1974 à Bayen, province de l’Amdo pour nous, dans une famille de paysans. Selon la République Populaire de Chine, Bayen se situe dans la préfecture de Tsohar, en province chinoise du Qinghai.

Je suis arrivé aux Etats-Unis d’Amérique le 25 décembre 2017 et c’est la première fois que j’eus le sentiment de sécurité et de liberté depuis de nombreuses années. Les retrouvailles avec ma famille à San Francisco ont été un moment formidable que j’attendais depuis longtemps, avec un mélange de joie anxieuse et d’hésitation qu’un homme ressent lorsqu’il a été empêché d’être le mari qu’il devait être pour sa femme; un homme qui n’a pas eu la chance d’être aux côtés de ses enfants, dans un monde rempli de défis, avec des conseils paternels, tourmenté par la pensée qu’ils ne se reverraient pas dans cette vie.

J’aimerai en profiter pour remercier chaque personne et association qui a aidé à me ramener au près de mes êtres aimés et qui m’ont soutenu depuis mon arrestation en mars 2008.

Activisme précoce

Ayant grandi dans le village reculé de Khotse dans l’Amdo, à 2 000 Km de Lhassa, la capitale du Tibet, j’ai commencé à découvrir l’histoire de mon peuple avec peu de connaissances mais une insatiable et naïve curiosité sur ce que la vie avait à m’offrir.

Notre famille vivait dans la simplicité aux limites du plateau tibétain et de la Chine. J’étais conscient d’une répression passée. J’avais perdu des membres de ma famille, que ce soit du côté de ma mère ou de mon père, du fait des atrocités de la Chine envers les Tibétains. Toutefois, ce n’est pas avant mon voyage à Lhassa en 1990, en tant que jeune adulte, que j’ai vu pour la première fois de mes yeux la résistance à l’occupation chinoise et des symboles politiques comme le drapeau national tibétain. En 1992, j’avais 18 ans, j’ai été le témoin du mouvement de protestations des moines, et de quelques nonnes, du monastère de Ganden. J’ai vu la police et les forces militaires mater la manifestation d’un manière forte et arrêter les moines et les nonnes.

C’était aussi en 1992 que j’ai décidé de partir en Inde pour voir le Dalaï Lama et recevoir une éducation. En ce temps-là, beaucoup de Tibétains s’enfuyaient en Inde. Toutefois, je ne suis resté qu’un an et suis reparti au Tibet en 1993 où je me suis impliqué dans l’aide aux prisonniers politiques, pour vous donner un exemple de mon activisme. Je voudrais souligner l’importance de mon cousin Jamyang Tsultrim qui a été mon mentor dans mes jeunes années et qui est aujourd’hui présent [avec nous].

En 1996, le moine Jigme Gyatso, un bon ami – et véritable héros tibétain – s’est fait arrêté pour des motifs en relation avec la manifestation de 1992. Jamyang Tsultrim a aussi été arrêté. Ils ont tous deux été en prison. Je travaillais alors dans le restaurant de Jamyang Tsultrim, menacé de fermeture car il était au centre de nos nombreuses activités.

J’ai passé de nombreuses années engagé dans diverses formes d’activisme et été emprisonné plusieurs fois. Ma plus longue détention fut de 30 jours en 2003 à Lhassa, mais je n’avais jamais été inculpé et toujours libéré.

Jamyang Tsultrim s’est enfui en exil en 2002, mais nous sommes resté en contact et avons continué de planifier et de mettre en place des activités clandestines. Nous avions débuté un projet en 2001 pour éditer et distribuer gratuitement des livres à travers tout le Tibet, des livres sur l’enseignement de Sa Sainteté le Dalaï Lama, la politique et l’histoire tibétaine, l’histoire et a politique de la Voie du Milieu du Dalaï Lama. Les livres étaient imprimés en chinois et en tibétain.

Dès 2004, nous imprimions des livres à Xining et à Lanzhou, parfois imprimant jusqu’à 10 000 copies en une seule fois. Parmi ceux qui se sont joints à nous, pour imprimer et distribuer les livres, se trouvait un moine du Monastère de Labrang, Jigme Gyatso (connu sous le nom de Golog Jigme), que j’avais rencontré la première fois en 2006 et qui deviendra mon assistant pour la réalisation du film Leaving Fear Behind. C’était notre première collaboration mais beaucoup de personnes étaient engagées dans le projet, des personnes dont je dois taire le nom pour des raisons de sécurité.

Réalisation de Leaving Fear Behind

Comme les Jeux Olympiques de 2008 (à Pékin, NdT) approchés à grands pas et qu’ils étaient toujours un sujet des médias publiques, j’ai dit à Jamyang Tsultrim que je voulais faire quelque chose qui aurait un grand impact à long terme et qui reflèterait les véritables sentiments et souhaits du peuple tibétain. C’est ainsi que nous commencèrent à réfléchir à la réalisation d’un documentaire tourné au Tibet qui sera plus tard connu sous le titre Leaving Fear Behind (Surmonter la Peur).

J’ai commencé par trouver des collaborateurs et à voyager à travers le Tibet pour interviewer d’humbles Tbétains. Grâce à notre activisme passé, nous avions beaucoup de contacts et d’amis de confiance avec qui nous pouvions travailler. Nous pouvions enregistrer les interviews dans des lieux isolés pour ne pas éveiller les soupçons et nous faisions toujours attention à demander aux participants s’ils voulaient ou non parler à visage découvert. Nous avions avec nous des DVD de la cérémonie de la Médaille d’Or du Congrès d’octobre 2007¹ qui montrait le président des Etats-Unis Georges Bush rendre hommage au Dalaï Lama – nous l’avions montré à beaucoup de Tibétains qui se sentirent émus à la vision des images.

Les personnes qui m’ont aidé, dont Golog Jigme, et moi-même avons voyagé plusieurs mois dans les rigueurs hivernales de l’année 2007 pour enregistrer les entretiens et envoyer les rush à Zurich en plusieurs fois via des amis de confiance. Entretien après entretien, village après village, nous avons enregistré un fil sans fin des témoignages des atrocités qui avaient été tues, des plaintes contre les discriminations actuelles des Tibétains, leur frustration et leur colère au sujet de l’hypocrisie des Jeux Olympiques et enfin, leur ardent désir de voir le Dalaï Lama revenir au Tibet. Plus de Tibétains que nous pouvions gérés faisaient la queue pour raconter leur histoire et témoigner de leur infaillible volonté de combattre pour la vérité et leur droit d’exprimer leur opinion. En regardant en arrière, je me demande pourquoi nous n’avions pas perçu que leur profond désir de liberté exploserait quelques mois plus tard en une protestation, la plus énergique au Tibet depuis 1959.

Notre dernier enregistrement fut réalisé à Xi’an le 10 mars 2008 et donner à un Tibétain né au Royaume-Uni qui nous aida à l’acheminer à Zurich. Nous avions passé cette journée ensemble sans savoir que des protestations avaient éclaté à Lhassa le même jour et continueraient à travers le Tibet pendant plusieurs mois.

Détention

Même si j’avais conscience que j’étais suivi et sous surveillance, ce n’est pas avant le 26 mars 2008 que je fus arrêté et interrogé par la police secrète. Je n’avais été emmené ni dans un poste de police ni une prison mais dans un hôtel sans que ma famille soit au courant. Les tortures commencèrent dès le début de ma détention. J’ai été forcé de m’asseoir sur la « chaise du tigre ». Pendant 7 jours et 8 nuits il ne m’a pas été donné de nourriture et on m’empêchait de dormir.

Le 13 jullet 2008, j’ai pu m’échapper de cette détention pour seulement 24h. Lors d’un appel avec Jamyang Tsultrim j’ai appris qu’ils avaient reçu tous les enregistrements et qu’ils étaient sur le point de finir le pressage. C’était bien avant que je retourne en détention. La sortie de Leaving Fear Behind et sa distribution avait été organisé par Filming for Tibet (Zurich) juste avant le début des Jeux Olympiques en Août 2008. Même si je n’étais pas sûr, j’espérais que tout se déroule selon les plans. Je me doutais que les autorités montaient un dossier contre moi. J’étais souvent interrogé et on m’avait demandé de dénoncer Sa Sainteté le Dalaï Lama et on me disait que si j’admettais mes fautes je serai relâché. J’ai toujours refusé de faire de telles choses.

En détention en décembre 2008, on me montra Leaving Fear Behind, quelques mois après sa distribution. Je me souviendrai à jamais de ce moment. L’interrogateur voulait savoir comment je connaissais les personnes que j’avais interviewé. Ensuite il m’a montré le film et voulait que je me confesse. J’ai regardé Leaving Fear Behind pour la première fois dans une prison ! Alors que l’interrogateur insistait toujours pour que je me confesse pour mes fautes, j’appréciais en moi-même les scènes, la musique et ses auspicieuses paroles et je me sentais immensément fier.

Je songeais que même si j’étais condamné à 10 ans de prison, la réalisation du film en valait la peine. Je me sentais heureux pour les interviewés qui ont pris de grands risques en apparaissant dans le film et nous leur avions promis que le film serait vu à l’étranger et qu’il serait aussi mis à la connsaissance de Sa Sainteté. J’étais donc heureux d’avoir été capable de garder ma promesse envers les interviewés.

En juillet 2009, j’ai reçu la visite de Li Dunyong, un avocat des droits de l’Homme chinois vivant à Pékin, embauché par ma soeur. Un autre avocat, Chang Boyang, est aussi venu me rendre visite et leur a parlé du mauvais traitement des prisonniers politiques et comment j’avais été gardé à l’isolement pendant 85 jours. Même si selon la loi un traducteur aurait du être à ma disposition, aucun n’était disponible et j’ai du parlé en chinois avec les avocats chinois quand bien même ce n’est pas ma langue maternelle et que mon chinois n’est pas très bon. Quelques jours après leur visite, les autorités sont venues me parler en prison et m’ont posé beaucoup de questions sur les avocats et pourquoi ils voulaient me représenter. Les autorités avaient dit aux avocats choisis par ma famille qu’il ne leur était pas permis de me défendre et ils ont subis des pressions et été menacés de voir leur diplôme retiré. Les autorités m’ont dit que je n’avais pas le droit d’avoir mon propre avocat et que je devais accepter l’avocat qu’il mettait commis d’office. Même si je leur ai dit clairement que je ne voulais pas de leurs avocats, je n’avais, en réalité, pas le choix. Les autorités ont ensuite menti à ma soeur en lui disant que je refusais toute représentation légale.

Condamnation et incarcération

Je suis resté en détention officieuse jusqu’à mon procès où j’ai été condamné le 28 décembre 2009 à 6 ans de prison pour « subversion au pouvoir de l’Etat ». Le dossier à mon encontre mentionnait les projets dans lesquels j’étais impliqué, édition et distribution de livres et la réalisation de Leaving Fear Behind.

Au cours de mes différentes formes de détention, j’ai du faire des travaux manuels qui différaient selon là où je me trouvais. J’ai du faire différentes besognes, de l’épluchage d’ail à la reprise d’uniformes militaires et l’on ne me donnait seulement que deux repas par jour, ce qui était insuffisant. La journée commençait à 6h30 et nous devions travailler jusqu’à 23h, nous ne sortions jamais. Et j’avais des douleurs permanentes avec des maux de tête et mes bras en souffrance. J’ai toujours été témoin des différences de traitement entre les prisonniers [réguliers] et les prisonniers politiques. En ce qui concerne les prisonniers politiques, nous n’avions pas le droit de nous parler en tibétain.

Le 6 avril 2010, j’ai été transféré dans la prison de Xichuan, un camp de travail qui opère en tant que manufacture industrielle sous le nom de « Qinhai Xifa Water et Electricity Equipment Manufacture Installment Limited Liability Company ». Mon état physique déclinait et j’ai contracté l’hépatite B. Même si des docteurs venaient régulièrement, à part des saignées de temps en temps, je n’ai jamais reçu de diagnostic ni de traitement médical. Ma famille m’a envoyé quelques médicaments mais c’est seulement après ma sortie de prison en 2014 que j’ai reçu un traitement adéquate et que j’ai pu passer 25 jours à l’hôpital.

Alors que j’étais en prison, j’écrivais beaucoup de lettres à ma soeur et à ma famille et les autorités pénitentiaires les ont prises disant qu’elles les enverraient. Après ma libération, j’ai appris qu’aucune des lettres n’étaient arrivées à destination. En mars 2012 il a été découvert que je tentais de faire passé un courrier à l’étranger. Cette lettre était une longue exhortation au président de l’époque, Hu Jintao, et son premier ministre Wen Jiabao, soulignant le système corrompu des prisons et la discrimination dont souffraient les prisonniers politiques chinois. J’ai été puni par une mise à l’isolement de 84 jours.

En août 2012, j’ai été transféré au camp de travail Xichuan de la prison pour femme de la province du Qinhai, la principale prison pour femme. Les conditions [de détentions] étaient éprouvantes à Xichuan.

Libération

J’ai été libéré de prison très tôt dans la journée du 5 juin 2014, vers 4 heure du matin. Sans que je m’y attende, j’ai soudainement été emmené quelque part – ce qui semblait être une autre prison. J’étais inquiet à la pensée d’être transféré vers une autre prison et non pas relâché. Il y avait beaucoup de réprésentants de l’ordre et des autorités de Labrang, ils disaient vouloir m’emmener à Labrang mais je leur ai dit que je voulais aller à Khotse. Beaucoup de temps s’était écoulé et je ne suis arrivé chez ma soeur, à Khotse, que dans la soirée, la même journée.

Suite à ma libération, j’étais toujours sous étroite surveillance et la police me contactait sans cesse par téléphone. Je ne me sentais pas du tout libre car je n’étais pas autorisé à contacter ni à rencontrer mes amis. Même les amis qui étaient en contact avec moi ou m’avaient rendu visite étaient harcelés par la police. Je voulais étudier et améliorer mon tibétain et je voulais travailler, mais pedans ces 3 ans et demis je ne pouvais rien faire. Me sentant frustré et de plus en plus isolé, je décidai qu’il serait mieux que je m’échappe de la République Populaire de Chine plutôt que de rester dans ces conditions privé de libertés.

Avec l’aide de Jamyang Tsultrim, j’ai établi un plan pour m’enfuir à l’insu des autorités. Ce fut un long et dangeureux périple vers la sécurité, mais cela en valait la peine comme je pus rejoindre ma famille à San Francisco le 25 décembre 2017.

Encore au Tibet, j’étais sommairement informé que le monde extérieur, dont le gouvernement des Etats-Unis, se préoccupait de ma situation. Les gouvernements de Suisse, de Hollande et d’Allemagne étaient également préoccupés. L’attention portée outre-Tibet, par la société civile et les gouvernements de par le monde, m’a vraiment aidé. Les conséquences sont par exemple apparues sur la façon dont mes co-détenus et l’administration pénitentiaire m’ont traité. Bien que j’ai souffert des privations en terme de liens de communication avec ma famille du fait de mon isolation avec le monde extérieur, j’ai été moins sujet aux punitions arbitraires et aux bastonnades.

Je pressens que votre soutien pour d’autres cas comme moi et le Tibet en général pourrait être du meilleur effet si nous nous remémorions la réalité du terrain.

  1. Il y a des milliers de Tibétains comme moi, activement impliqués dans la résistance. Les Tibétains du Tibet ne sont pas des victimes mais des agents du changement tentant d’explorer et d’utiliser toutes les opportunités afin de se battre pour un meilleur futur. Nous avons besoin du soutien et de partenariats avec le monde extérieur.

  2. Chaque tentative pour plus de liberté ou de démocratie est réprimée par la Chine. C’est contre la nature de son régime de tolérer la liberté et la démocratie, que ce soit en Chine, au Tibet et, finalement, dans le reste du monde.

Je suis absolument conscient du soutien, dans le passé, du Congrès des Etats-Unis et de l’admininstration pour la cause du Tibet, Sa Sainteté le Dalaï Lama et le peuple tibétain. Je sais qu’il existe un poste de coordinateur spécial sur les problèmes du Tibet au Département d’Etat, j’aurai aimé rencontrer la personne en charge. Mais on m’a dit que personne n’avait encore été nommé à ce poste. J’ai également été informé que d’importants texte de lois sur le Tibet ont été présentés au Congrès, dont la Loi d’Accès Réciproque du Tibet. Je ne suis pas un politique et ma connaissance sur les spécificités de vos processus de législation est limitée. Mes amis de « International Campaign for Tibet » à Washington m’ont expliqué l’objectif et quelques détails importants de leurs recommandations auprès du Congrès. Je suis heureux de soutenir ces recommandations :

  • Les actions prises sur le Tibet par le Congrès des Etats-Unis renvoient un message fort au peuple tibétain. Toutefois, la répression systématique de la liberté de la presse et des reportages sur le Tibet ne peut être combattue que par des contre-mesures. En conséquence, le Congrès devrait voter la loi 2017 d’Accès Réciproque du Tibet,

  • Voter les résolutions exprimant le sentiment du Congrès tel que le traitement du peuple tibétain devrait être un important facteur dans la conduite des relations des Etats-Unis avec la Chine,

  • Demander à l’administration états-unienne d’évoquer le Tibet dans les forums internationaux appropriés, y compris les agences onusiennes,

  • Inciter urgemment la Chine à libérer les prisonniers politiques, dont le 11ème Panchen Lama, Gedhun Choekyi Nyima.

Je souhaite que, quelques soient les mesures que vous preniez, vous le fassiez avec la plus forte des convictions et la plus sage et vigoureuse des mannières.

En tant que Tibétain, qui a fait de son mieux pour parler pour ses compatriotes, je peux vous assurer que les Tibétains du Tibet ne baissent pas les bras.

J’aimerai me saisir de cette opportunité pour vous remercier tous avec sincérité.

Merci

¹ : https://www.ladepeche.fr/article/2007/10/17/69453-bush-congres-honorent-dalai-lama-malgre-colere-chinoise.html

La fin du travail forcé en Chine ? http://www.france24.com/fr/20140324-chine-camp-travail-force-prison-justice

Enfin, pour ceux qui n’ont pas vu Leaving Fear Behind ou souhaitent le revoir ou le partager le voici : 

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