La pression s’accroît sur Pékin qui a prêté à tout-va
Dans ce contexte, la pression s’accroît sur Pékin qui a prêté à tout-va ces dernières années, en Afrique, en Asie et jusqu’en Amérique latine. Une « générosité » prodiguée sans trop se soucier de la capacité des pays à rembourser ni de la bonne gouvernance des dirigeants. Pour l’Occident, il est temps de définir des règles communes sur le financement des investissements.« L’objectif n’est pas de stigmatiser un pays, mais, bien sûr, la Chine est un acteur-clé de cette discussion », précise au Monde le ministre de l’économie, Bruno Le Maire.
Lire aussi Négociations commerciales : Washington reproche à Pékin d’avoir reculé sur certains engagements La Chine n’est pas insensible aux critiques. Fin avril, lors du sommet de Pékin, le président Xi Jinping a promis des investissements plus « transparents », « viables » et « de qualité ». Une inflexion pourrait être dans l’intérêt de Pékin, ses moyens n’étant pas illimités pour faire face aux risques financiers. Or ceux-là sont bien réels. Une étude publiée le 26 avril par le cabinet américain Rhodium Group montre qu’au moins 38 emprunts labellisés BRI : Belt and Road Initiative, – l’autre nom des « nouvelles routes de la soie »,- ont donné lieu à des renégociations ces dernières années. Dans 14 cas, ces opérations se sont conclues par des annulations de dette, et dans 11 cas, par le rééchelonnement des paiements. « Un très bon signal », Cette donne poussera-t-elle la Chine à jouer le jeu ? A s’associer davantage à la communauté internationale dans la définition d’un cadre clair pour les investissements ? « Son discours a évolué et sa participation à cette conférence [de Paris] est un très bon signal », considère Bruno Le Maire. Le ministre rappelle qu’il en va aussi, pour l’Occident, d’un principe d’« équité commerciale » : « Nos entreprises perdent des marchés parce qu’elles s’obligent à respecter un certain nombre de règles auxquelles ne se soumettent pas les entreprises de pays émergents. » Aucune naïveté n’est pourtant admise. Les membres du G20 ont déjà adopté, en 2017, certains principes de « financement soutenable ». Or la Chine rechigne à les mettre en œuvre, bien qu’elle appartienne à ce groupe réunissant les vingt principales puissances de la planète. La France aimerait aussi convaincre le grand asiatique de rejoindre le Club de Paris, ce cénacle de créanciers publics – essentiellement des pays riches – où se négocient des opérations de restructuration de dette. En attendant ce « grand soir », c’est l’Inde qui vient d’annoncer qu’elle se rapprocherait du Club comme membre observateur. Marie de Vergès