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02/02/19 | 20 h 26 min par Léia Santacroce, Thibault Cealic, Elodie Montréer 

Le témoignage de Simon Leplâtre, correspondant de GEO en Chine : "Xinjiang : comment notre journaliste a enquêté sous l'œil de Pékin"

Simon Leplâtre, correspondant en Chine, fait partie des rares journalistes à avoir pu se rendre ces derniers mois dans la région ultrafermée du Xinjiang, au nord-ouest du pays, où les Ouïgours subissent une répression sans précédent. Il témoigne
La Chine n’est pas connue pour sa grande souplesse en matière de liberté de la presse. Elle occupe la 176e place du classement mondial établi par Reporters sans frontières en 2018. Notre reporter Simon Leplâtre a pu s’en rendre compte au Xinjiang, la région administrative la plus grande et la plus à l’ouest du pays, où s’est rendu en septembre dernier. L’ethnie majoritaire, ici, ce sont les Ouïgours. Nombre d’entre eux sont musulmans et parlent une langue proche du turc. La Chine y mène une politique d’assimilation très agressive. En 2018, des ONG, la diaspora ouïgoure et des images satellites ont mis en évidence l’existence de camps de rééducation : un million de personnes seraient incarcérées (la Chine compte environ 11 millions de Ouïgours). En août dernier, des experts des Nations unies ont appelé à la libération des Ouïgours internés. En octobre, Pékin a fini par reconnaître l’existence de « camps de formation professionnelle » pour « éduquer et transformer » les individus influencés par une « idéologie extrémiste ».

Au Xinjiang, les autorités chinoises contrôlent tout et tout le monde

« Tous les gens considérés par Pékin comme ‘radicalisés’ sont internés, explique notre journaliste Simon Leplâtre. Dans ces camps, on leur lave le cerveau, on leur demande d’apprendre des chants communistes, d’adorer le parti, de renoncer à leur religion… » Contrairement au Tibet, ce territoire stratégique riche en pétrole et en gaz n’est pas interdit aux médias. Mais les reporters y sont complètement fliqués, surtout dans la partie sud du Xinjiang, qui compte davantage de Ouïgours. « Dès notre arrivée à l’aéroport de Kashgar, des policiers chinois nous ont demandé nos passeports et nous ont demandé ce que nous venions faire ici », se souvient Simon Leplâtre, alors accompagné d’un photographe. Dans cette ville que les Ouïgours considèrent comme leur capitale culturelle, difficile d’interroger la population. « Trois voitures nous ont suivis et nous ont collé aux basques en permanence, poursuit Simon Leplâtre. En ville, il y avait parfois cinq à quinze policiers autour de nous. C’était une forme de harcèlement. Et dès qu’on adressait la parole à des gens et qu’on leur demandait leur avis sur les camps, on pouvait lire la peur sur leur visage. » En images : le Xinjiang, far west chinois Bienvenue dans l’enfer made in China, un reportage d’Alexandre Mandri & Simon Leplâtre (texte) et Patrick Wack (photos), paru dans le magazine GEO de février 2019 (n°480, L’Iran). image : La mythique Kashgar des caravansérails et des bazars n’est plus. Avant d’être modernisée par les Chinois, elle était l’un des rares vestiges encore préservés des villes oasis qui jalonnaient l’ancienne route de la soie. – Patrick Swack / Panos / Rea.
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