Dimanche dernier, un moine tibétain a été relâché dans le Comté de Tsekhog (Zeku en chinois), Préfecture de Malho (Huangnan en chinois), dans la région de l’Amdo au Tibet. Il avait été emprisonné pour ses écrits directs et francs sur des sujets considérés comme sensibles par les autorités chinoises.
NDLR : Encore une fois cette incarcération de cinq ans et cette libération confirment, s’ il en est encore besoin, la perversité de Pékin. Commençons par la conclusion de cet article : » En emprisonnant Gartse Jigmé, les autorités chinoises ont, une fois de plus prouvé, que lorsqu’ ils prétendent promouvoir la gouvernance par la loi, ce n’est qu’un subterfuge, car la loi est utilisée comme un outil pour écraser les dissidents pacifiques et toute critique contre ces mêmes politiques répressives. »
Tout est résumé dans ce seul terme : « subterfuge »..: terme que, malheureusement, nous pouvons aisément transposer dans l’ ensemble de la politique chinoise, tant en politique intérieure qu’en relations extérieures.
Ce pourrait un sujet intéressant pour un étudiant en Sciences Politiques !!….L’ appel est lancé ..
TSEKHOG ( TIBET) : Gartse Jigmé, âgé de 42 ans, vient d’ être relâché le 4 février après 5 ans d’emprisonnement pour « incitation au séparatisme » à cause de ses écrits qui contenaient son opinion franche et qui couvraient une multitude de sujets, allant du Dalaï Lama en passant par le Panchen Lama, l’auto- immolation des Tibétains, les droits des Tibétains, ainsi que les droits des minorités.
Gartse Jigme a pu depuis retourner chez lui, dans la ville de Siling (Xining en chinois). Une source en contact avec Tibetan Center for Human Rights and Democracy ( Centre Tibétain pour les Droits de l’Homme et la Démocratie) confirme que Gartse Jigmé est sous étroite surveillance. Cinq fonctionnaires de la commune de Dokamo et du Comté de Tsekhog ont été assignés à la surveillance de ses mouvements et activités. Il lui est interdit pendant un an de rejoindre son monastère ou encore d’avoir une quelconque activité politique, de même que prendre la parole en public. Les autorités locales ont également reçu des consignes strictes pour éviter toute parution de photos de Gartse Jigmé sur le net.
Pour éviter qu’une foule de Tibétains se forme pour accueillir Gartse Jigmé à sa libération, les autorités ont retardé sa sortie de prison en alourdissant la procédure de libération, lui faisant signer des formalités. Il fut finalement relâché vers 19 h. Malgré cela un groupe de Tibétains de son village l’avait attendu devant la prison depuis tôt le matin afin de l’ accueillir. Cependant le groupe recevait l’interdiction de prendre la route directe pour rejoindre son village de Siling et a donc dû prendre un itinéraire détourné pour rejoindre le Comté de Trika.
Nous n’avons pas pu nous procurer des détails sur la santé de Gartse Jigmé à cause de la censure et des coupures de lignes par les autorités.
Il semblerait que Gartse a écopé d’une « privation de droits politiques » d’un an en plus de sa peine de cinq ans. Dans la loi chinoise, cette peine de « privation de droits politiques » accompagne toute peine de type « crimes contre la Sécurité de l’Etat » qui peut aller d’un à cinq ans d’incarcération. Cette condamnation permet également aux autorités d’imposer à la personne privée de droits un grand nombre de restrictions des libertés individuelles, sans aucune vérification ou prise de responsabilité d’une autorité supérieure.
Gartse Jigmé aurait dû être relâché le 31 décembre 2017 et les raisons de ce retard sont inconnues.
Il fut arrêté le premier janvier 2013 à son domicile, le monastère de Gartse, par un groupe d’officiers de la préfecture de Malho du Bureau de la Sécurité publique du comté de Gartse. Les officiers avaient saccagé le quartier monastique de l’écrivain et fouillé ses affaires ainsi que ses appareils électroniques comme son téléphone et son ordinateur portable. Après l’avoir gardé en détention secrète pendant des mois dans la ville de Siling, puis dans le comté de Rebkong (en chinois, Tongren), il fut condamné à 5 ans de prison le 14 mai 2013.
Bien que l’Association Tibetan Center for Human Rights and Democracy se félicite de sa libération ; il n’aurait jamais du être emprisonné en premier lieu. Il est vraiment déplorable que les autorités chinoises continuent de persécuter et d’emprisonner de nombreux Tibétains tel Gartse Jigmé qui sont punis pour la seule raison d’exercer leurs droits les plus fondamentaux. Gartse Jigmé avait été condamné à cinq ans d’emprisonnement pour avoir simplement exprimé son opinion de manière pacifique sur des sujets importants et centraux dans l’actuelle crise des Drois de l’Homme au Tibet. Comme beaucoup d’autres militants et activistes des Droits de l’Homme, il n’a fait que refléter la réalité des actions brutales et inhumaines pratiquées par les autorités chinoises et appeler à respecter les Droits de l’Homme au Tibet ainsi que le droit à l’autodétermination.
En emprisonnant Gartse Jigmé, les autorités chinoises ont, une fois de plus prouvé, que lorsqu’ ils prétendent promouvoir la gouvernance par la loi ce n’est qu’un subterfuge, car la loi est utilisée comme un outil pour écraser les dissidents pacifiques et toute critique contre ces mêmes politiques répressives.